• En route vers le néant !

     

     

    En réponse à Jean-Louis : (voir : http://natureiciailleurs.over-blog.com/2018/01/des-oiseaux-du-jardin-a-notre-maniere-de-nous-alimenter.html)

     

    S - ...Il faut une croissance verte et non pas une décroissance, déstructurante.

     

    JLS - Quant à associer une quelconque croissance à la couleur verte, voilà qui, personnellement, me laisse assez dubitatif ! Je pense qu’il s’agit là d’un certain art de la dialectique permettant de poursuivre le développement économique en l’enduisant d’un positionnement écologique (un genre de greenwashing en somme) pour, en définitive, ne rien changer et continuer allègrement comme avant ! 

     

    S - La croissance zéro, c'est plus de chômage, plus d’inégalité, et à terme la désintégration violente des sociétés, dont l'effondrement des services médicaux, des systèmes de retraite, de la sécurité de chacun, etc...

     

    JLS - Donc, autant de bonnes (?) raisons de ne surtout rien changer !

     

    S - C'est ton interprétation, ce n'est pas la mienne.

    A chaque fois (au XXème siècle, et à ma connaissance) qu'on a voulu tout tournebouler cela s’est traduit par des catastrophes humanitaires où des millions (ou milliers) de gens ont perdu la vie (Mao, Staline, Hitler, Pol Pot, mais aussi, avant :  Napoléon, etc., etc..).

    La croissance verte doit nous mener vers un lien plus proche entre humains et environnements et renverser la vapeur. La décroissance au contraire privera l'humanité de tous moyens d'agir pour rectifier une situation déjà catastrophique, et donc ne pourra rien régler. Elle ne fera qu’aggraver la situation parce que les humains vivront au jour le jour (Banerjee/Duflo : Repenser la pauvreté) et pour cela ils n'hésiteront pas à sacrifier un peu plus, dans l'urgence, la planète sans parler des guerres et violences qui en découleront.

    Certes l'humanité semble s’être discréditée à tes yeux (alors qu’elle mériterait ton indulgence car elle n’est pas toute puissante ni extralucide) ainsi qu'aux yeux de beaucoup, et cela se traduit par des doutes voire des rejets de ses institutions (politique, légale, presse, santé, enseignement, forces de l’ordre, régionalismes), avec, souvent à la clé des croyances de type complotiste, et des désirs de schémas sociaux radicalement différents. Mais je le répète, à chaque fois que, mus par l’émotion, l’humain a opté pour des actions qui ont résulté dans la destruction, ce sont des êtres vivants qui sont morts.

    L’émotion (aussi légitime soit-elle) ne valide pas pour autant, sur le plan de la raison, des solutions simplistes qui, ignorant la complexité du social, résultent en destructions. Si vraiment tu souhaites que la planète sorte de cette impasse alors tu ne peux que vouloir de la croissance, et non pas de la décroissance, car la décroissance la mènera à sa perte.

    Il faut également se méfier aux niveaux individuel et groupal d’une tendance que nous avons tous de stimuler, de nourrir nos émotions (ce qui rend d’autant plus difficile le fait de s’en départir, sans parler de la jouissance perverse, en l’occurrence ici, nihiliste). Cela fait que nous ne sélectionnons que des éléments qui nous confortent dans nos positions (dissonance cognitive), quitte à dégrader ou à rester aveugle à autrui,   à leurs idées et à leurs façons de vivre, ce qui nécessairement nous oriente alors vers le simplisme et la violence : dégrader l’autre ou ses idées est déjà le premier pas qui justifie la violence de ceux qui vont l'exercer.

    C’est aussi une façon de se croire meilleur aux dépens des autres, en affirmant que nos idées ou nos valeurs, ou nos façons de vivre, valent mieux que celle des autres. Et je n’en vois hélas que trop de fois l’exemple dans ton blog notamment à l’égard des chasseurs (et pourtant je n’aime pas la chasse), mais aussi à l’égard du mode de fonctionnement de l’humanité. Or là sont des germes de la violence sociale, de la mort de la démocratie (Maurice Duverger : De la dictature), mais aussi de la mort de la planète…

    La seule solution est donc pour moi politique, associative et non violente et non pas dans la radicalité destructrice et ce surtout que l’initiative individuelle que tu sembles prôner ne sera jamais assez massive (à cause de la pauvreté notamment) pour atteindre son but.

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    domi
    Lundi 8 Janvier 2018 à 21:40

    Ben comme d'hab je vais peut-être être le premier commentateur d'un discours intéressant que je ne vais pas juger mais auquel je vais apporter mon grain de sel : je crois que nous avons besoin d'un discours écologiste même prônant une décroissance, comme nous avons besoin de gauchistes, voire d'extrémistes de droite  pour alimenter le débat. Mais ce n'est pas pour autant que nous devons souhaiter voir ces tendances extrêmes au pouvoir. La pratique de l'écologie est une nécessité, notre planète et notre humanité en ont besoin, mais il est préférable  que les mesures écologiques soient prises par des gens qui ne sont pas fondamentalement écologistes et c'est ce qui se passe aujourd'hui : en France par exemple, la droite comme la gauche républicaines ont pris des mesures écologiques incontestablement utiles, même si ça ne va pas assez vite, tout en maintenant un minimum d'équilibre social  qui a besoin d'une croissance, pourquoi pas verte ? Par contre un grand chamboulement meurtrier reposant sur des idéaux ne pourrait qu'apporter des désastres humains et environnementaux, l'amélioration écologique ne pouvant passer, à mon avis, que par un climat de paix : la guerre et la course aux armements représentant un désastre environnemental en soi. 

      • Lundi 8 Janvier 2018 à 22:31

        Merci Dominique pour ta clairvoyance bienveillante. Je suis d'accord avec toi sur tous les points. Mais je crois que le discours radical qui utilise la violence verbale et prône celle des actions représente un danger justement parce qu'il risque de basculer, à un moment ou à un autre, vers les actes. Dans l'histoire quelle violence n'a pas été précédée par celle des paroles ? Et c'est pour ça qu'il faut en signaler les dangers. Bref je crois qu'il vaut tendre la main que dresser le poing...

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    2
    domi
    Lundi 8 Janvier 2018 à 23:32

    Merci  Stef, il vaut mieux tendre la main que dresser le point, oui, dans l'idéal, mais avec un bémol : ne pas tendre la main à n'importe qui et quand c'est n'importe quoi, l'abattre du poing !

      • Mardi 9 Janvier 2018 à 08:01

        Le poing pour la légitime défense, et c'est là que ça se complique, car pour en juger il faut une  éthique absolue or elle ne l'est actuellement pas... Merci pour ta discussion Dominique !

    3
    Jean-Louis
    Mardi 9 Janvier 2018 à 06:47

    Mon cher Stef,

     

    Etant un couche (et, un peu aussi, un lève) tôt, je ne découvre ta publication que ce (mardi) matin ! J’avoue être impressionné par la dimension prise par une simple petite phrase ! Je reconnais et salue ta grande culture et il n’y a, tu peux le croire, nulle ironie dans ces mots : ton argumentaire est intelligent, censé et, sans doute, animé par une passion qui égale (au moins) la mienne !

    Cela dit et, même s’il m’est difficile d’y répondre point par point –surtout comme ça, quasiment au saut du lit…-, je reste sur la position qui est la mienne depuis fort longtemps : la violence de notre société ne vient pas d’individus comme moi –je suis et demeure éminemment pacifiste et non-violent- mais, bel et bien de la société elle-même… Il est évidemment plus aisé de montrer du doigt des individus qui, quelque soit leur modeste bagage, tentent d’éveiller certaines consciences et de susciter –on peut rêver- de petits changements de comportements !

    Est-ce mal de dénoncer les abus de la chasse ou encore de vouloir une condition plus digne pour les animaux destinés à notre alimentation ? Curieusement, on préfère évoquer une certaine violence qui reste, en ce qui me concerne, verbale plutôt que de dénoncer celle, authentiquement réelle dans les faits, exercée au quotidien par notre société tant à l’égard de nos pairs que sur les bêtes…

    En ce qui me concerne, tout en acceptant le débat qui, au demeurant, est passionnant et constructif, je pense néanmoins qu’il n’est pas inutile de continuer à dénoncer ce qui me semble profondément injuste et inique, voire cynique !

     

     

    Après, chacun est libre d’adhérer ou non aux thèses et thèmes abordés… 

      • Mardi 9 Janvier 2018 à 07:55

        J'adhère totalement à tes propos. Reste à bannir la violence des propos, justement, car elle mène inévitablement à la violence physique, et se contredirait alors. L'histoire, la vie, tout montre que les mots violents mènent aux actes violents.

    4
    domi
    Mardi 9 Janvier 2018 à 11:48

    Le débat s'enrichit et j'apprécie le bon sens et la mesure des débatteurs, ce qui n'est pas toujours à la mode sur le net dans certains forums ; merci et toutes mes amitiés à vous deux

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